Muammer Yilmaz, qui revient d'un tour d'Europe à vélo, présente Le Grand jeûne (170 km à pied autour du Mont Blanc en 11 jours en 2022) samedi soir au festival du film d'aventure Périples et cie à Charnay-les-Mâcon. Avant sa venue, il nous a accordé quelques instants pour un entretien.

 

A quand remontent vos débuts de voyageur optimiste comme vous vous décrivez ?

J’ai commencé en 2014 avec le Tour du monde en 80 jours, sans argent, avec mon frère de voyage Milan Bihlmann. On est parti avec cette croyance qu’il y a de bonnes personnes partout dans le monde. On a compté sur la générosité des gens. Au final, nous avons traversé 19 pays sur quatre continents. Ce fut une réussite. Il y a des moments de doute bien sûr, mais à deux, c’est quand même plus facile. Il faut beaucoup d’énergie chaque jour pour partir sachant qu’on ne sait pas où on va dormir, si on va manger quelque chose et à quel moment… Mais, oui, la générosité est partout.

 

Pourquoi le Mont blanc ?

Quand on a fait Compostel, sans bagage, on nous a conseillé le tour du Mont blanc en nous disant que c’était très beau, un peu plus dur physiquement, mais vraiment très beau. Compostel, c'était une première connexion à la nature. Avec le Mont Blanc, j’ai voulu faire un périple qui condensait mes expériences passées. Le tour du Mont blanc à pied, en jeûnant, c’est cela le condensé : sans bagage et sans manger.

Je suis donc parti début juillet 2022 pour le grand jeûne, avec seulement ma brosse à dent dans ma poche et une gourde pour récolter l’eau de source. En sandale et en chemise. Milan cette fois, s’est consacré entièrement au tournage du film. 

 

Le jeûne est quelque chose qui fascine et qui fait peur. Qu’est-ce qui vous a conduit à ce choix ?

Je me suis beaucoup documenté sur ses vertus. Conférences et lectures sur le sujet m’ont appris ses bienfaits. Quand on a conscience de cela, on se dit qu’il faut le faire. J’étais donc très enthousiaste de faire les deux en même temps : la marche et le jeûne. J’aime bien faire des choses hybrides. Mais je ne vous cache pas qu’il y a eu des moments difficiles. J’ai poussé mes limites physiques et mentales comme jamais. A plusieurs reprises des gens m’ont accompagné dans ce périple, pour m’aider ou partager leur sagesse.

 

Vous vous êtes évidemment préparé, formé, car il y avait le froid aussi à gérer, malgré la période de l'année, début juillet ?

Oui, tout à fait. Nous avons connu le -4°C au départ… j’étais en short, sans pull et en sandales… J’avait fait un stage de froid, une formation Wim Hof*, pour me libérer des croyances limitantes, accepter le froid, qui ne rend pas malade contrairement à ce qu’on peut penser, apprécier le temps.

Par ailleurs, je pratique le jeûne une fois par an environ depuis le tour du monde, sur de courtes périodes, de 3 à 10 jours. Mais globalement, ce genre de voyage, c’est une vie de préparation, dans le sens où c’est une hygiène de vie, une activité, une mentalité.   

Pour le reste, c’est à dire boire, j’ai fais confiance à la nature, qui nous donne de l’eau de source. La chance que nous avons eu, c’est qu’il y a eu beaucoup d’eau avant qu’on parte, de gros orages, l’eau était donc en abondance.

 

Un mot pour donner envie aux Mâconnais de venir voir le film ?

C’est un grand film avec des images sublimes de la montagne et beaucoup de messages. Il y a 5 spécialistes du jeûne, spécialiste du voyage, spécialiste du yoga, spécialiste du froid qui sont dans le film et qui partagent tous leurs savoirs et leurs secrets. Ce n’est pas un film qui laisse indifférent. Ça secoue chaque spectateur parce que il y a beaucoup d'informations, beaucoup de choses qu'il faut réfléchir. C'est un film à venir voir avec les enfants sans problème.

 

Propos recueillis par Rodolphe Bretin

 

Rendez-vous samedi à 20h45 à l'espace de la Verchère à Charnay

 

*du nom de celui qu'on surnomme l'homme de glace

 

 

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