
Elle était l'invitée de Femmes solidaires hier soir à Mâcon
Violaine De Filippis-Abate, 36 ans, est avocate, chroniqueuse et militante féministe. Qualifiée par l’université Panthéon-Sorbonne comme l’une des « figures actuelles du féminisme français », l'autrice de La Résistance écarlate, née à Villefranche, une grand-mère à Matour, a donc répondu sans hésiter, du fait de cette proximité, à l’invitation de Colette Marchand, présidente de Femmes Solidaires.
Diplômée en philosophie et en droit, Violaine De Filippis-Abate est cofondatrice de l’association Action Juridique Féministe. Elle a publié en 2023, chez Payot, un premier ouvrage remarqué : Classées sans suite. Les femmes victimes de violences face à la justice. C’est son deuxième ouvrage, La Résistance écarlate - Les femmes face au nouveau backlash*, qu’elle présentait lors de cette rencontre, hier soir, qui a réuni plus de soixante personnes.
En quelques mots, Violaine De Filippis-Abate résume ainsi l’objet de sa démarche à Mâcon :
« Depuis #MeToo, la montée des mouvements masculinistes et réactionnaires est perceptible, tant au niveau des gouvernements que sur les réseaux sociaux du monde entier. Un backlash* globalisé féroce s’abat sur nous. Selon l’ONU, “partout dans le monde, les droits des femmes et des filles font l’objet de menaces grandissantes.” Et des alertes institutionnelles à la pratique, il n’y a qu’un pas.
Car sur le terrain, le diagnostic est identique. Comment faire face à cette vague ? Comment réagir pour que cette déferlante ne gagne pas davantage de terrain ? Un sujet plus que d’actualité : en cette rentrée, une mission parlementaire a été créée en France pour évaluer les risques du backlash… »
Violaine De Filippis-Abate brosse ainsi un tableau lucide de la situation, qui appelle une vigilance accrue et des actions fermes, tant aux niveaux individuel que collectif et politique, afin que nos droits et libertés soient préservés.
Tout au long du jeu des questions, témoignages et réponses, elle avance son constat avec une sérénité enjouée mais déterminée :
« Les droits des femmes auront connu leur apogée au début des années 2000 dans le monde occidental, mais un backlash* globalisé féroce s’abat aujourd’hui sur eux — sur les plans politique, juridique, social et culturel. »
Avec simplicité, elle propose des solutions concrètes, issues du quotidien, pour réagir face à ce recul globalisé des droits des femmes, qui stagnent ou régressent dans un pays sur quatre dans le monde.
C’est dans son livre, comme tout au long de cette soirée très suivie, qu’elle lance une véritable alerte :
« Les pays occidentaux sont, à la faveur de la montée des extrêmes droites et de leurs politiques réactionnaires, le théâtre d’attaques inédites d’une violence inouïe. Les femmes pâtissent de législations anti-droits, mais aussi de l’indifférence institutionnelle et du manque de moyens dans des pays de plus en plus nombreux. »
Cette soirée a permis à l’attachante et pétillante féministe de dresser l’inquiétant constat « d’un monde qui n’aime pas les femmes libres ». Mais, avec sa joie militante — comme pour mieux nous entraîner vers l’espérance —, elle nous invite à entrer en résistance, chacun à notre échelle. Et de nous convaincre, dans un large sourire, en scandant le sous-titre de son ouvrage : « Il est encore temps ! »
J.-Y. Beaudot
*Backlash : retour de bâton conservateur








