Samedi en fin d'après-midi, l'Académie de Mâcon a accueilli une conférence publique organisée par le Cercle Culturel ARAR sur le thème « Être Femme,  ici ou ailleurs » avec deux conférencières : Marie Thérèse BESSON, ancienne grande maîtresse de la Grande Loge Féminine de France et Françoise CARER, ancienne présidente de la commission nationale des droits des femmes de la grande loge féminine de France.

Deux salons ont été ouverts pour accueillir le public venu nombreux.

 

Être femme, ici ou ailleurs

« Question ? Affirmation ? Doute ?

Le titre est laconique, voire mystérieux

Que veut-on nous dire ?

L'affiche offre déjà une réponse :

Cinq profils de femmes

Cinq continents

Cinq nuances de couleur

Cinq pétales pour la fleur

Cinq visages tournés vers l'avenir »

 

C'est autour de cinq axes de réflexion, que Françoise Carer a proposé en première intervention, des dissections successives du titre, à savoir :

 

  1. Être femme. Point

  2. Être femme, avec point d'interrogation

  3. Ici et ailleurs, sans point d'interrogation

  4. Être femme aujourd'hui

  5. De la fraternité dite universelle, à la Sororité

 

Être femme

Qui fabrique les inégalités ? Qui fabrique la « notion » femme ?

Sur le premier point, madame Carer affirme tout simplement « que Femme et Homme, sont la trame et la chaîne de la plus belle étoffe qui soit : l'Humanité tout entière. »

 

Être femme ?

Et de poursuivre avec cette question : « Le machisme, le patriarcat, le joug sociétal, l'éducation seront des facteurs déterminants différenciant les femmes des hommes. Leurs droits ne seraient-il pas les mêmes ?

Rappelant la subtile différence entre LE droit des femmes et LES droits des femmes.

« La première expression LE droit des femmes couvre l’ensemble des textes législatifs. »

Il faudra attendre le XVIIème, puis le XVIIIème siècle, puis encore le XIXème siècle, et enfin le XXème siècle pour entendre quelqu’un évoquer positivement les droits des femmes …

Constitution du 27 octobre 1946 (préambule alinéa 3) « La loi garantit à la femme dans tous les domaines des droits égaux à ceux de l’homme »

Belle Utopie, des millions de femmes sur la planète ne jouissent pas des droits les plus élémentaires !

La conférencière répond à ce deuxième point en affirmant :

« Une femme est une femme libre, qui a des droits, qui les connaît et qui les fait valoir. C’est une femme qui OSE être ce qu’elle a le droit ou le désir d’être, une femme qui connaît son DEVOIR de liberté. C’est une femme qui s’engage. »

 

Ici et ailleurs

S'il existe des textes à valeur universelle comme la CEDAW (Convention for the elimination of all sorts of discrimination against women », adoptés en 2016 à Genève, qu'en est-il de leur application, de leur effectivité ?, s'interroge la conférencière et de mentionner que « tous les pays n'appliquent pas les textes sur lesquels ils s'étaient engagés. »

 

Être femme aujourd'hui, ici et ailleurs : un nouveau défi pour les femmes

Françoise Carer a évoqué le long et lent processus d'émancipation, empruntant à Joëlle Kopf, autrice de la chanson « Elle est si fragile, la constatation suivante :

« Être une femme libérée tu sais c'est pas si facile »

S'interrogeant sur les mécanismes de l'émancipation, acte individuel ? Et le processus de l'Autonomisation, acte collectif ?

Pour conclure : « Émancipation et autonomisation, sont des actes à la fois individuels et collectifs, ne trouvant leur apogée que dans une notion, parfois banalisée ou moquée : la sororité. »

 

De la fraternité dite universelle, à la Sororité

« L'époque de l'aliénation, la sujétion, la subordination semble révolue. Si le mouvement « Me Too » a permis la libération de la parole, c'est que le fruit était mûr.

Le lien qui unit l'étude de l'iconographie de l'affiche du point de départ est la sororité, cette solidarité entre femmes ».

 

Être femme, ici et ailleurs/être femme ici ou ailleurs

En conclusion, « si nous avons vu dans un premier temps que les expressions Etre femme ici // Être femme ailleurs ne recouvrent pas les mêmes réalités, elles expriment bien le lien de sororité qui unit les femmes dans leur vie, leur destin, leurs combats, leurs engagements.

Être femme ici ou ailleurs, c'est être l'autre pôle de l'Humanité

Être femme ici ou ailleurs, c'est être capable d'émancipation, d'autonomisation

Être femme ici ou ailleurs, c'est respecter la sororité dans tous ses engagements

Être femme ici ou ailleurs, c'est être consciente que la solidarité entre femmes, (autrement dit la sororité,) est la pierre angulaire de la construction de l'Édifice Humain, vers une adelphité ambitieuse. »

 

La deuxième conférence était plus orientée sur la grande loge féminine de France et la démarche maçonnique. Que peut apporter cette démarche aujourd'hui aux femmes en terme de positionnement et d'émancipation ?

 

Être femme et franc-maçonne

La Grande Loge Féminine de France est une obédience développée par des femmes et pour des femmes afin de favoriser leur émancipation intellectuelle, sociale et économique dans tous les pays et sur tous les continents.

La Franc-maçonnerie n'est pas une religion. C'est une démarche spirituelle avant tout intérieure, intime. Un travail sur soi et un travail avec les autres. C'est un travail individuel et collectif. La Grande Loge Féminine de France (1952) est un ordre initiatique. Elle s'inscrit dans la tradition, la voie initiatique. L’initiation est un voyage, voyage à la rencontre de soi même et à la rencontre de l’autre. À travers un langage commun, celui des symboles, sur la base d’une culture commune, celle de la tradition, les franc-maçonnes s'appuient sur un rituel pour rassembler des femmes qui le souhaitent. Elles expérimentent, ensemble, la tolérance, la fraternité, le respect de l’autre, à la recherche du sens dont chacune est porteuse.

Maryse Amélineau

Photos © Maryse Amélineau

Marie Thérèse Besson et Françoise Carer (de g à d)