Ce matin de bonne heure, des professeur.e.s, AED et AESH se sont mis en grève et ont déployé une banderole pour dire leur mal-être au travail. En cause : la gestion du personnel par le principal. À lire aussi : sa réponse aux grévistes

 

Un communiqué nous est parvenu vendredi dernier via le SNES-FSU 71, syndicat majoritaire chez les enseignant.e.s du second degré, sur une situation de fortes tensions entre les professeur.e.s et leur hiérarchie au collège Pasteur. En voici les termes :

« Nous alertons depuis 4 ans notre direction, nos inspecteurs pédagogiques, la DSDEN et le rectorat sur nos conditions de travail au collège Pasteur. Nous exerçons un métier de plus en plus difficile et avons besoin d’être soutenus et épaulés par notre hiérarchie.

A l’inverse, nous ressentons une pression et un climat de suspicion invivable pour beaucoup d’entre nous. Les tentatives de dialogue et signaux d’alerte s’enchaînent sans que rien ne change. De nombreux personnels se retrouvent ainsi en souffrance avec des conséquences parfois dramatiques : dépression, arrêts de travail qui se prolongent… Beaucoup viennent travailler avec “la boule au ventre” et ces conditions impactent directement nos élèves.

Nous ne pouvons pas continuer à exercer notre métier dans ces conditions. C’est pourquoi nous avons décidé de nous mettre en grève ce lundi. »

 

Sur le piquet de grève ce matin, le chef d'établissement est directement mis en cause : suspicion, pressions, intimidations... les mots employés sont forts. « Il y a absence de communication et donc pas de sérénité. Les projets et les propositions de sorties sont souvent refusés. Quand on demande une formation, le principal met régulièrement sont véto. On n'en peut plus. L'un d'entre nous a été jusqu'à déposer plainte » confie une porte-parole. « Des courriers sont partis au rectorat pour alerter. Nous sommes en attente d'une réponse, d'un signal. »

Une représentante des parents d'élèves, adhérente à la FCPE, était présente aux côtés des grévistes et confirmait une dégradation des relations avec la direction de l'établissement. « Notre point de vue est celui des parents qui défendons la qualité de l'enseignement pour nos enfants. Si les profs ne vont pas bien, nos enfants en subissent les conséquences. »

 

 

 

Pour le principal du collège Marc Dumont et son adjointe Sandrine Dominguez, qui ont accepté de nous recevoir, cette crise est « une crise de croissance de l'établissement » : « le collège a connu entre 2017 et 2023 la plus forte croissance de la population scolaire de l'Académie de Dijon, soit + 242 élèves, et donc 6 classes supplémentaires. 9 postes d'enseignants ont été créés, 1 poste de CPE et un demi poste d'infirmière en plus. Nous avons par ailleurs de nombreux dispositifs pédagogiques à gérer comme les classes musique et danse, les ULIS, deux dispositifs UPE2A (unité pédagogique pour élèves allophones arrivants), EHPI (élèves à haut potentiel intellectuel), l’implantation de deux classes issues de l'IME de Charnay. » « Toutes les semaines, nous avons des arrivées d'élèves allophones » a précisé la principale adjointe.

« Compte tenu de cette complexité et de cette diversité, il nous faut anticiper plus qu'avant pour organiser les sorties et le projets », complétait le principal avant d'enchainer sur les résultats du collège : « Pour autant, la tendance est très positives avec seulement 5,7 % des élèves qui ont eu un avertissement pour comportement et/ou manque de travail à l'issue des conseils de classe du 1er trimestre. 42 élèves sur 811 ! À l'inverse, 52 % des élèves ont eu les encouragements, les compliments ou les félicitations du conseil de classe. »

Et de revenir sur la grève à proprement parler : « D'abord, nous avons dénombré à 8h 18 grévistes pour 92 membres du personnel, soit 16,5 %. Aucun agent du Département n'est en grève. À la vie scolaire, huit AED sont présents sur neuf. Nos deux CPE sont là également. »

« Ensuite, même si ce mouvement est minoritaire, il doit bien sûr être pris en compte », a rassuré le principal. « Nous l'entendons. Ceci dit, il faut bien se dire que nous ne sommes ni autoritaristes, ni laxistes. Il y a une directive ministérielle récente qui impose que les heures d'enseignements soient toutes bien assurées. Quand un professeur souhaite partir en formation sur des heures de cours, cela peut en effet poser problème si nous ne trouvons personne pour assurer ces heures. Et pour nous, l'intérêt des élèves est prioritaire. »

Marc Dumont et Sandrine Dominguez ont terminé leur propos sur l'expression du mal-être enseignant, annonçant un prochain audit pédagogique de l'établissement : « Certains professeurs sont déstabilisés et fragilisés par la nécessité de gérer une hétérogénéité sociale et scolaire plus importante évoquée tout à l'heure : ils demandent à être aidés et mieux accompagnés dans l'accomplissement de leurs missions par la direction du collège, l'autorité académique et les inspecteurs pédagogiques. Il faut les entendre. C'est pourquoi nous allons demander un audit par les services académiques afin de mieux cerner les raisons du mal-être invoqué et proposer des pistes d'amélioration. »

À suivre

 

Recueillis par Rodolphe Bretin

 

Le mouvement est soutenu par les syndicats SNES-FSU et SNALC