Qu'il soit bleu, gris ou orangé le ciel est toujours là, au-dessus de nos têtes. Reflet de nos humeurs, on y cherche l'inspiration, on l'interroge, on l'admire, on peut en avoir peur…

Alors que des murs avancent, reculent, partent à gauche, partent à droite, apparaissent et disparaissent, au gré de leurs mouvements, des hommes. Un, deux, trois, quatre et cinq immobiles, se mouvant, pensants, inquiets, dubitatifs, riants. Des éclats de pétards s’entendent, seraient-ce bien des pétards accompagnés d’une musique monocorde faisant penser à des sirènes.

Ainsi le décor est planté, on ne croit si bien dire…

Murs clownesques pour les uns, les enfants, murs devenant inquiétants pour les autres, les adultes tous spectateurs. Éclatent de rires les enfants, les murs bousculent, avalent les acteurs, les renversent, les poussent. Murs de quoi, d’où, de pourquoi ?

Les rires sont pourtant là. Si les adultes sourient encore quelque fois, leurs rires deviennent jaunes.

Et puis, et puis la scène devient sombre, le ciel s’illumine assez pour le voir couvert, les regards adultes sont incongrus, ceux des enfants dans l’imaginaire.

Le ciel s’écroule tout à coup, des objets tombent, grêle bruyante qui peut rendre fou. Elle est partout pour l’homme en scène, il se secoue, manches, poches et même cheveux en sont emplis, éclate de rire la jeunesse, l’art circassien domine, le clownesque s’active.

Rien ne semble effrayer les maîtres en art de l’esquive qui transforment le plateau en immense terrain de jeu.

Deux lectures deviennent alors possibles grâce à une chorégraphie de l’absurde rythmée et calée au millimètre, à l’acrobatie des cinq acteurs qui est époustouflante, défiant la gravité et rendant chaque instant improbable et pourtant réel où le contrôle de l’action échappe alors même au spectateur.

Spectacle à 100 à l’heure, cirque qui nous interroge sur notre capacité à être capable de résister aux circonstances de la vie, à nous adapter malgré tout, aller jusqu’à mesurer notre résilience.

Scène de l’absurde, scène évoquant la guerre, et, toujours, quoiqu’il arrive, éclate le rire des enfants spectateurs, rire limpide, joyeux au milieu des sacs à farine qui tombent, d’une table qui vient du ciel, des balles qui passent, venant de devant, de gauche, de droite, du haut … La magie des mouvements est partout, nos yeux peinent presque à suivre les actions jusqu’à une sorte d’Armageddon apocalyptique final…

Il en aura été de trois rappels tant le public fut conquis, remerciant les acteurs et la mise en scène avec des salves d’applaudissements.

Spectacle s’adressant des plus jeunes, dès 7 ans, aux plus vieux, comme un croisement de générations, de compréhensions, de lectures, d’imaginations.

Un réjouissant capharnaüm qui interroge notre capacité à éprouver l’imprévisible, aux uns apportant le rire, aux autres la réflexion sur le monde que nous vivons actuellement.

Bravo à “Galcatik Ensemble”, très grand bravo !

MsP