Pour la vingtaine de biquettes et les quatre boucs du domaine des Poncétys qui ont passé l'été en semi-liberté sur les hauts de Vergisson, l'heure d'hiver a sonné, annonçant le retour au bercail.
Evénement incontournable de la saison, cette transhumance automnale est ouverte au public depuis 2006. Dix ans plus tard, les quelque cinquante fans de la première Transhubique sont devenus cinq cents. Sous la houlette des chevriers chevronnés de l'exploitation caprine, les cinq cents bergers improvisés sont partis dimanche matin de la ferme du lycée Lucie-Aubrac de Davayé, après un déjeuner roboratif préparé par les organisateurs, à la recherche du troupeau sur la roche de Vergisson.
Depuis dix ans, c'est le même rituel, et l'on ne saurait dire qui est le plus étonné au moment de la rencontre, de l'homme ou de l'animal. De leur villégiature en plein air, les chevrettes reviennent plus fines, plus « bronzées » (les chevriers l'affirment), plus sauvages, et surtout plus résistantes aux maladies que leurs congénères sédentaires.
La redescente vers la chèvrerie s'effectue au galop pour les agiles biquettes, stars d'un jour quelque peu effarouchées devant tant d'admirateurs, plus tranquillement pour les humains qui ont tout loisir d'apprécier le paysage aux couleurs flamboyantes qui s'étale devant eux.
Pour clore cette matinée festive, dégustation est offerte pour (re)découvrir les produits du lycée : fromages (pur chèvre of course) et vins bio.
Démarche écologique
Si la Transhubique est publique depuis 2006, l'aventure en fait a commencé en 2003, avec l'idée de préserver les pelouses calcicoles de la roche de Vergisson. Ces pelouses calcaires, classées zone Natura 2000, abritent une flore et et une faune exceptionnelles menacées de disparition par la colonisation de buis. La présence des biquettes sur la roche freine significativement la progression de cette espèce envahissante.
Les bêtes choisies pour vivre cette expérience sont des chevrettes ne produisant pas encore de lait ou des chèvres « taries » n'en produisant plus. Elles montent en juin vers ce qui sera leur domaine pendant cinq mois. Les chevriers leur rendent visite tous les deux jours, vérifient l'état du troupeau, apportent de l'eau, un complément de nourriture si nécessaire.
La surveillance mise en place par le Conservatoire des sites naturels bourguignons afin d'étudier l'impact de la remise d'animaux domestiques sur les lieux a démontré l'efficacité des biquettes en matière de protection environnementale.
R.A.