Le label a été délivré la semaine dernière par la ministre de l'Écologie Ségolène Royal. Monsieur le Maire Roger Moreau, a répondu à nos questions.
Dites-nous en plus sur ce label.
Le label "Terre Saine" est une démarche "Zéro Pesticide". Ce qui veut dire que nous n'utilisons plus aucun produit phytosanitaire dans l'entretien des espaces verts et tous les lieux publics. Nous y réfléchissions depuis un moment, et avons décidé de faire le pas en 2015 (au printemps dernier). En 2013, nous avions mis en place notre Agenda 21, et cette étape était la dernière action à réaliser. Ainsi, nous anticipons sur la loi de transition énergétique prévue au 1er Janvier 2017.
Votre commune est entourée de prés, de champs... Cela ne vous dérange pas de vous dire que vous faites tous ces efforts, et de savoir que vos habitants, les enfants dans leur cour d'école, reçoivent peut-être des pesticides répandus par les agriculteurs ?
Nous essayons de sensibiliser les particuliers, bien entendu. Nous ne pouvons pas empêcher les agriculteurs de travailler. Il faut bien qu'ils produisent, qu'ils cultivent les champs. Le bio, c'est possible mais c'est difficile.
Je suis moi-même ancien agriculteur, céréalier, et j'utilisais des pesticides. S'il faut faire marche arrière, ce sera très difficile. On produira beaucoup moins. Cette démarche n'est pas possible. On peut faire du bio sur une petite parcelle, mais sur plusieurs dizaines d'hectares, c'est plus compliqué. Je ne crois qu'à moitié au bio. L'essentiel au niveau des espaces verts de la commune, c'est que tout ce qui se trouve près d'un ruisseau, ou les accotements, ne soit pas pollué par les pesticides, car l'eau des pluies part dans les rivières.
Remarquez-vous une différence dans vos plantations ? Avez-vous certains soucis ?
Non. Il y aura peut-être un peu plus d'herbe le long des routes, il ne faudra pas être aussi maniaque, aussi exigent sur la qualité de la propreté. Nous avons introduit une méthode le long des murs, les accotements terreux : nous y avons planté des vivaces. C'est écologique, esthétique, économique.
Vous demandez-vous pourquoi finalement avoir utilisé ces produits chimiques pendant toutes ces années ?
Disons que tant qu'on est pas obligé... C'est effectivement toute une reflexion. On a fini par prendre le sujet très au sérieux.
Financièrement, quel a été l'investissement pour ce changement ?
Nous avons acheté du matériel : un désherbeur thermique, un mécanique aussi, une motobineuse, de quoi couper l'herbe... Il a fallu demander des subventions à l'Agence de l'eau. La dépense de 10 000€ a été subventionnée à 80%.
Les produits nous coûtaient de l'argent, il fallait passer plusieurs fois, ça demandait du personnel. Financièrement, ça s'équilibre. Le personnel qui servait à desherber a été mis sur du mécanique. On est gagnant au niveau de la salubrité, du côté écologique.
Avez-vous remarqué une évolution dans la biodiversité ?
De la jachère fleurie va être plantée. Nous espérons que les abeilles, les papillons vont revenir. Nous avons aussi créé un verger conservatoire, avec des variétés anciennes de cerises, pommes, poire, framboises... Cela peut aussi servir de pédagogie pour les écoles.
Avez-vous d'autres projets allant dans ce sens ?
Nous étudions l'écopâturage pour 2017, dans certains espaces verts de la commune. Ce qui évite de passer la tondeuse ou le broyeur.
Des ruches ?
ça va peut-être venir. Nous avançons progressivement.
Recueillis par Sherfy