Ce dimanche, à l’appel des associations et syndicats, des rassemblements étaient organisés partout en France, en hommage à Samuel Paty. À Mâcon, seul ou en famille, ils étaient nombreux à rendre hommage au professeur d’histoire-géo, assassiné vendredi… A VOIR EN VIDÉO : La foule entonne la Marseillaise.
Il n’est pas encore 15 h ce dimanche après-midi que des centaines de personnes sont déjà réunies sur l’esplanade Lamartine. Derrière le masque des visages graves, des regards émus, des cœurs serrés et de nombreuses questions. A l’appel de la section locale de la Fédération syndicale unitaire (FSU), elles sont venues en voisin de Mâcon, de l’autre côté de la Saône, et de bien plus loin, du Clunisois, de la Bresse notamment…
Seuls, avec des copains et des copines de classe, ou en famille avec les enfants, enseignants ou simples citoyen… Ils seront finalement un millier à participer à cet hommage au corps enseignant. « Je suis prof », « Vous n’aurez pas notre liberté d’expression », « Je suis le citoyen de demain ». Deux jours après l’assassinat terroriste de Samuel Paty, professeur d’histoire géographie, en région parisienne, ils sont venus témoigner de leur soutien, faire passer le message et défendre les valeurs républicaines, la tolérance et la liberté d’expression.
Aucun discours, ni des syndicats, ni des élus présents. Juste un moment de recueillement, des applaudissements aussi et une Marseillaise entonnée par la foule.
Anne est venue de Saint-Laurent. Avec son amie mâconnaise, Elsa, il était important d’être là « par solidarité par rapport à ce professeur qui enseignait la liberté d’expression. Mais aussi pour lutter contre tous les obscurantismes, toute cette lâcheté, tous ces meurtres ignobles. »
Lucile est elle venue en famille avec son mari et ses deux fils « par solidarité et pour défendre la liberté d’expression, mais aussi et surtout pour montrer que ce qui s’est passé n’est pas acceptable. Tuer parce qu’on n’est pas d’accord avec quelque chose n’est pas une réponse acceptable dans notre pays. Nous sommes là aussi en tant que citoyen pour défendre des valeurs importantes de notre pays. »
Directeur d'Agro-Bio Campus Davayé, Jean-Philippe Lachaize est lui aussi venu en famille, « par solidarité, en tant que citoyen et pas uniquement comme chef d’établissement. J’ai envie de défendre la liberté d’expression et de lutter contre toute forme de totalitarisme religieux. Nous devons aussi faire la distinction entre l’islam fondamental et la très grande majorité de musulmans, qui ne sont pas solidaires de cet acte. Il faut continuer à soutenir nos enseignants qui font leur travail et éduquent. Si on en est là aujourd’hui, c’est à cause d’un abandon éducatif, cet abandon c’est le terreau de cette horreur. »
Parmi les élus présents, le maire de Mâcon, Jean-Patrick Courtois : « Je suis là pour saluer la mémoire de Samuel Paty, sauvagement assassiné. Je suis là aussi pour rappeler les missions de l’Éducation nationale à savoir l’enseignement, l’enseignement de la tolérance, la liberté d’expression, autant de valeurs qui me paraissent fondamentales. J’aimerais aussi rappeler les valeurs de la République qui font le ciment de notre vivre ensemble. Je suis fils de prof. Mon père nous a enseigné, à mes deux frères et à moi-même, le respect de l’enseignement et la tolérance. »
Pour Stéphane Guiguet, vice-président du Conseil régional en charge des lycées et de l’apprentissage, il est « primordial qu’il y ait une vraie unité nationale après ce qui vient d’arriver. On est tous touchés, en tant qu’enseignants, en tant que citoyens, en tant que responsables politiques aussi. C’est la liberté d’expression, la liberté de penser qui ont été attaquées. Il n’y a rien de plus précieux que de former des citoyens éclairés. C’est pour cela qu’on doit tout miser sur l’éducation et la culture dans notre pays. Il n’y a pas de mots pour parler de cet acte. Il faut maintenant espérer une vraie unité nationale, ans division ni amalgame. Le risque est là, de retomber dans des amalgames, qu’on stigmatise des populations et qu’on favorise à nouveau le communautarisme. Créer des communautés demain alors qu’on a besoin de rassembler tous les Français, quelles soient leurs origines et leurs religions. On doit défendre et imposer la laïcité, cette liberté de croire ou de ne pas croire, dans toutes nos écoles et dans tous les lieux publics. »
D. C.
Les enseignants-es, citoyens, citoyennes et familles répondent présents-es à l'appel des fédérations syndicales diffusé hier. Le moment de communion commence. L'on compte plusieurs centaines de personnes sur l'esplanade Lamartine, jusqu'à 1 000 personnes indiquent les syndicats.