Le Département de Saône-et-Loire est impliqué depuis plusieurs années aux côtés de l’Etat dans cette cause par le biais d’un protocole Justice/Département/Forces de l’ordre, un plan départemental de prévention et de lutte contre la délinquance, et un protocole Département/Forces de l’orde sur l’accompagnement des victimes avec implication systématique dans chaque réseau VIF.
En 2018, le Département souhaite renforcer son action avec les groupes Epicéa (groupe départemental intervenant sur des actions de prévention auprès des jeunes) et de la Maison des ados.
Par ailleurs, un appel à projet spécifique auprès des collèges sera lancé sur les questions d’égalité femmes/hommes, de respect et de lutte contre les préjugés.
Le déploiement des réseaux VIF sur les zones non couvertes sera accéléré ; le nombre de formations pluridisciplinaires sur la question des violences faites aux femmes pour les travailleurs sociaux sera augmenté ; les permanences de l’association AMAVIP seront renforcées, notamment en zone rurale, avec soutien financier du Département.
En France, 225 000 femmes par an sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises par leur partenaire. En 2016, 123 femmes et 34 hommes ont été tués par leur partenaire ou ex-partenaire. 25 enfants sont décédés, tués par leurs parents dans un contexte de violence au sein du couple. Le nombre de femmes qui au cours d’une année sont victimes de viol ou de tentative de viol est estimé à 84 000 femmes. Dans 91% des cas, ces agressions ont été perpétrées par une personne connue de la victime. Dans 45% des cas, c’est le conjoint ou l’ex-conjoint qui est l’auteur des faits.
En Saône-et-Loire, un important travail a déjà été effectué sous l’impulsion de Nathalie Bonnot, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité.
« Prendre à bras le corps cette problématique ! »
Telle est la volonté exprimée par le président André Accary. Une volonté qui s’est traduite ce vendredi par l’invitation de deux personnalités très investies dans la lutte contre les violences intra-familiales : Nathalie Bonnet, déléguée des services de l’Etat sur le département de Saône-et-Loire, en charge de ce sujet, et Michèle Berthy, membre du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, vice-présidente du Conseil départemental du Val d’Oise.
« On n’est plus au XIXème siècle. Les VIF étaient un tabou, il a été levé grâce à l’actualité. Maintenant, il faut oser dire les choses. Nous avons besoin de nous engagés sur cette cause, c’est indispensable ! » a-t-elle lancée devant l’assemblée départementale. « Le Département du Val d’Oise a sauvé des vies, grâce au TGD notamment, le téléphone grand danger, que nous avons mis en place en 2012. Notre Département en finance dix. Nous finançons beaucoup d’associations qui font de la prévention et de l’accompagnement de victimes, de l’information, comme le CIDFF. Nous formons aussi nos personnels à ressentir quand il y a souffrance. »
Autre clef du succès dans cette action menées contre ces violences intra-familiale : le travail avec la Justice. « C’est par des ordonnances de protection que nous avançons. Oui, le travail avec la Justice est primordial. Par ailleurs, Depuis 2006, nous avons des travailleurs sociaux dans les commissariats. »
Côté Saône-et-Loire, Nathalie Bonnet a expliqué son action quotidienne : la mise en place et le développement des réseaux VIF. Territoire précurseur le 71, le secteur du Creusot-Montceau et Aucun. Le maillage du territoire se poursuit, avec des villes comme Cluny et Charolles qui vont signer en 2018. En 2018, c’est une 1ere formation qui aura lieu sur le secteur d’aucun. « Nous savons que la formation est un élément essentiel pour agir. Elle doit avoir un caractère pluridisciplinaire. Nous avons un référent VIF depuis 2005, mais ce n’est pas suffisant compte tenu de la configuration du département. Je voudrais aussi que la ville de Mâcon s’engage. » Un propos qui aura fait mouche, notamment auprès des conseillers départementaux du Mâconnais.
En finir avec les « blagounettes » messieurs !
Michèle Berthy fut une des trois femmes à siéger au Conseil général du Val d’Oise à l’arrivée de sa majorité aux affaires. Trois femmes seulement ! Et, forcément, des petites blagues sexistes arrivaient à ses oreilles un peu trop régulièrement. « J’ai mis en place une boite à blagounettes pour mettre ces messieurs à l’amende en cas de blagues sexistes. Elle s’est vite remplie. Mais depuis l’instauration des binômes mixte, la boite à blagounettes à quasiment disparue. Un progrès évidemment. Dîtes-vous bien messieurs que, si vous chercher dans vos inconscients, vous trouverez certainement une blagounette. Il faut en finir avec ça. J’ai de l’humour, croyez-moi, et j’ai de l’affection pour la gente masculine. Mais nous n’avons aucune raison, nous femmes, d’accepter ce sexisme ordinaire. » A bon entendeur.
Dès le 1er trimestre 2018, un groupe de travail intégrant les différents partenaires va se mettre en place pour définir des priorités d'action et aboutir, au printemps, à un plan d'action départemental.
Rodolphe Bretin