Les sapeurs-pompiers du département (SDIS 71) alertent et conseillent sur les dangers de ce gaz toxique et potentiellement mortel.
Chaque hiver, les intoxications au monoxyde de carbone (CO) touchent plus d’un millier de foyers, causant près d’une centaine de décès en France. En Saône et Loire, on dénombre chaque année une cinquantaine de cas en interventions de secours à personnes, parmi lesquels nous pouvons noter une hausse des cas liés à des installations mobiles de combustion. En cette période hivernale, à l’heure des problématiques énergétiques, les sapeurs-pompiers de Saône et Loire veulent sensibiliser les citoyens aux intoxications au monoxyde de carbone (CO) et les conseiller afin de limiter au maximum les risques.
« Les risques d’intoxication touchent absolument tout le monde, quels que soient l’âge, la constitution et l’état de santé » prévient le colonel Emmanuel Vidal, directeur départemental adjoint du SDIS 71 avant de poursuivre « près de 9 intoxications sur 10 au monoxyde de carbone surviennent dans les habitations, avec pour cause un dysfonctionnement ou une utilisation inadaptée des appareils de cuisson et de chauffage ». Elles s’expliquent par une mauvaise combustion de l’appareil quel que soit le combustible utilisé : charbon, gaz, bois, fioul, essence, éthanol...
« Incolore, inodore, non irritant et donc indétectable par l’homme, ce gaz est pourtant toxique et potentiellement mortel » nous précise Christophe Cognet, médecin chef adjoint au SDIS 71.
Quels sont les symptômes ?
Maux de tête, nausées, fatigue, malaises, voir paralysie musculaire... ces symptômes ne sont pas à prendre à la légère puisque dans les cas les plus graves, le coma voire le décès interviennent, sans parler des séquelles.
Quelques chiffres
Dans près de 42 % des cas, la chaudière est le premier coupable de ces intoxications. Mais tous autres appareils ménagers à combustibles sont également à risque : fours, appareils de chauffage, poêles à bois... En Saône et Loire, on recense déjà 55 interventions avec suspicion de monoxyde de carbone sur l’année 2022. Un chiffre qui augmente chaque année (50 cas en 2019, 54 en 2020 et 57 en 2021). « Nous avons beau faire de la prévention chaque année, que ce soit pour les noyades en été ou le monoxyde de carbone en hiver, malheureusement le chiffre des victimes est toujours constant voire en hausse » précise Philippe Demousseau, Lieutenant-Colonel en charge de la communication au SDIS 71.
Les causes de l’intoxication
Elles sont dues :
- Au manque d’entretien des appareils de chauffage et des conduits d’évacuation des fumées
- À la mauvaise utilisation des appareils de combustion
- Au détournement d’appareils non destinés au chauffage
- À l’utilisation prolongée de systèmes de chauffage d’appoint
- À une mauvaise aération du domicile
La liste de ces appareils à combustion n’est pas exhaustive : chaudières, cheminées, cuisinières, chauffe-eau, poêles, inserts, cheminées décoratives à l’éthanol, appareil de chauffage mobiles, groupes électrogènes, pompes thermiques, engins à moteur thermique, braseros, barbecues, panneaux radiants à gaz, convecteurs à combustibles...
Comment éviter l’intoxication ?
Entretenez
- Faites vérifier et entretenir les installations de chauffage et de production d’eau chaude
- Faites vérifier et entretenir les conduits de fumée par ramonage mécanique effectué par un professionnel qualifié
Ventilez
- Veillez à une bonne aération et ventilation du logement et ce toute l’année
- N'obstruez jamais les entrées et sorties d’air du logement
Conformez-vous
- Respectez scrupuleusement les consignes d’utilisation des appareils à combustion en vous référant aux modes d’emploi du fabricant
- Ne placez jamais un groupe électrogène en intérieur
- Évidemment certains appareils ont un usage proscrit en intérieur (barbecue, ponceuse...)
- Ne faites jamais fonctionner en continu les chauffages d’appoint
- N'utilisez en aucun cas pour vous chauffer ou cuisiner des appareils non destinés à cet effet
- Assurez-vous de la bonne installation et du bon fonctionnement de vos nouveaux appareils, vous pouvez exiger des certificats de conformité à votre installeur
Savoir détecter les signes
Par son caractère incolore, inodore et non irritant, le monoxyde de carbone est indétectable par l’homme. Il est donc essentiel d’être attentif aux premiers signes d’intoxication car il existe malgré tout des symptômes qui doivent alerter :
- Au début de l’intoxication ou si l’exposition est faible, des maux de tête et des nausées peuvent apparaître
- Si l’exposition est modérée, les maux de tête persistent et s’accompagnent de vertiges, d’étourdissements et de vomissements. Vous pouvez également vous sentir ensommeillés et avoir un pouls rapide
- Si l’exposition est importante et/ou prolongée, vous pouvez vous sentir très faible, perdre connaissance, convulser
Comment réagir en cas de soupçon ?
- Aérez immédiatement en ouvrant les portes et fenêtres
- Éteignez si possible les appareils de cuisson ou de chauffage
- Évacuez sans délai l’habitation
- Si vous venez en aide à une victime d’intoxication, faites-la évacuer. Si elle est consciente, évacuez-la de l’habitation en retenant votre respiration pour ne pas inhaler le gaz
- Appelez les secours en composant le 18, 112 ou le 114
- Ne retournez pas dans les lieux avant l’autorisation des secours et/ou d’un professionnel habilité
Qu'en est-il des détecteurs ?
Attention ! Le détecteur de fumées DAAF est très connu du grand public car obligatoire dans les logements. Cependant, il ne détecte pas la présence de monoxyde de carbone. Il existe des détecteurs spécifiques permettant de mesurer la concentration de monoxyde dans l’air et déclenchant une alarme sonore avant que cette concentration ne présente un risque. Pour ce type de détecteur, choisissez un appareil conforme à la norme européenne NF EN 50291 (référence qui doit figurer sur l’emballage). « Tous les sapeur-pompiers en sont équipés en intervention » indique le colonel Vidal, avant d’ajouter « Dans tous les cas, ces détecteurs ne suffisent pas à éviter les intoxications. La meilleure prévention reste avant tout l’entretien régulier des installations domestiques et la bonne ventilation du logement ».
À l’approche des fêtes de fin d’année, redoublez de vigilance et partagez ces informations à vos proches.
A.L.